Récemment, un citoyen américain a été détenu jusqu’à ce qu’il déverrouille son téléphone. Et ce n’était pas dans un pays exotique: l’incident s’est produit aux douanes américaines. Et il ne s’agissait pas d’un individu à prime abord très suspect: il travaillait pour la NASA, et revenait d’un voyage en Patagonie où il a participé à une course de voitures solaires!
AJOUT: un ingénieur informatique questionné aux douanes pour prouver qu’il est bien ingénieur informatique…
AJOUT: L’Electronic Frontier Foundation (EFF) propose un petit guide de voyage à imprimer pour les voyageurs qui traversent la frontière. C’est gratuit!
Ces fouilles peuvent vous arriver aussi si vous voyagez aux États-Unis. On vous remet un formulaire d’inspection des appareils électroniques, qui indique que votre appareil (ordinateur, téléphone, tablette…) est conservé pour examen – qui peut inclure une copie de ses données.
On parle aussi de demander au visiteurs aux États-Unis d’indiquer leurs comptes de média sociaux, ainsi que leur mot de passe, dans le processus d’approbation des étrangers – question de savoir s’ils ont exprimé des points de vue extrémistes (une chose qu’un terroriste futé sera assez intelligent pour ne pas faire). Avec le mot de passe de son téléphone et de ses réseaux sociaux, on peut savoir:
- Les amis Facebook
- Les photos
- Lire les messages privés
- Voir ses photos personnelles
- Bref, TOUT le contenu qu’on a mis en ligne…
Une façon très peu subtile de détecter les opinions et les penchants politiques d’une personne.
Explorons trois possibilités de réponse si on vous demande les mot de passe de vos réseaux sociaux aux douanes…
Dire qu’on a pas de compte
- Si c’est vrai, tant mieux! On. Mais c’est louche – qui n’a pas de compte sur les réseaux sociaux aujourd’hui?.
- Si ce n’est pas pas vrai et qu’on le découvre… Ça peut vous mettre dans le trouble – vous avez menti.
Donner le mot de passe d’un deuxième compte
- Tant mieux si ça fonctionne. Mais si on découvre votre vrai compte, on se demandera doublement ce que vous avez à cacher…
Ne pas donner ses mots de passe
- C’est votre droit, et c’est la solution la plus vertueuse. Mais vous pouvez être détenu plus longtemps (plusieurs heures…), ou on peut conserver votre appareil…
(Il peut arriver, évidemment, que vous ne vous en souveniez plus… Mais on risque de vous demander de récupérer le mot de passe!)
Il n’y a donc pas grand chose à faire qu’accepter… Et laisser un douanier examiner votre appareil.
Des solutions?
- Laissez vos appareils intelligents à la maison.
- Désinstaller les applications de médias sociaux
- Effacer les photos compromettantes
- On peut utiliser l’application Signal pour texter, en activant l’option pour effacer les conversations après un certain temps, style Snapchat.
- Garder les données de son appareils codées (avec FileVault sur OS X ou BitLocker sur Windows), pour rendre plus difficile la copie des données
- Un mot de passe sur son téléphone s’impose (même si on peut vous demander de déverrouiller l’appareil)
- Pour les plus paranos, les sauvegardes dans les nuages (iCloud) sont aussi à éviter si vous tenez vraiment à votre vie privée – on pourrait demander aux compagnies une copie de vos données avec un ordre de cour. (considérez un stockage personnel comme celui offert par Lima).
Une autre piste: que les compagnies comme Facebook ou Google proposent un mode vacance pour leurs applications – une version légère, ne conservant qu’un minimum d’historique et de contacts, qui pourrait être activé avant de partir en voyage (et impossible à désactiver pour un certain temps), une technique déjà utilisée par les employés de Facebook. Mais le modèle d’affaire de ces compagnies est lié au nombre de clics et au temps sur le site.
Mais il ne faut pas oublier que toute tentative légitime de cacher quelque chose peut éveiller des soupçons… Et que les véritables criminels ont les ressources et la motivation pour mieux cacher leurs traces…
P.
P.S.: N’hésitez pas à m’écrire pour partager vos trucs ou vos expériences aux douanes…
AJOUT: Le droit de fouiller un téléphone ne s’applique qu’aux douanes; au Québec, un policier ne peut pas vous demander votre téléphone.
Sources:
- What Are Your Rights if Border Agents Want to Search Your Phone?
- US custom agents may require foreigners’ social media passwords as part of vetting
- US border agents could make refugees and visa holders give social media logins
- Here’s How Facebook Gives You Up To The Police
- Social Media Needs a Travel Mode
Personnellement, je refused’amener mon cellulaire hors du pays, ou même trop près de la frontière. Les frais d’itinérances arrivent tellement facilement. Par ailleurs, je refuse ctégoriquement de passer par les États-Unis pour aller ailleurs, ne serait-ce que pour une ecale. Et non, je n’irai plus as États-Unis, tant et aussi longtemps que de telles meures y seront en place pour fouiller la vie privée des gens. Il y a tellement d’autres endroits à visiter sur notre belle planète.
« un citoyen américain a détenu »
a détenu ou a été détenu?
@Gaston Merci d’être vigilant! J’ai fait la correction.
Tu conserves ton ancien téléphone (ou laptop) et tu t’en sers pour voyager. Tu te crées un 2e compte AppleID ou Google pour l’utiliser en voyage et bien sûr tu n’auras pas les mêmes mots de passe ni code d’accès à l’appareil. Tu mets le strict minimum sur cet appareil. Si tu le perds ou que tu le fais voler, c’est ton ancien appareil et pas tes comptes usuels. Si un douanier te demande d’accéder au contenu, tu n’auras pas grand chose à leur partager. Pour être rejoint, tu peux toujours utiliser l’option « forward » ou encore partager tes coordonnées de « voyage » à tes proches amis et famille. Pour un ordi, tu as normalement un backup. Tu fais un format du disque, installe un nouveau système à neuf avec encryption et tu installes tes 2e comptes et le strict nécessaire. Tu utilises aussi tes navigateurs en mode privé. Tout le reste, sur ton cloud privé.
Excellent billet, bien que déprimant.
Depuis longtemps, traverser les douanes américaines s’avère un processus à peine moins pénible qu’un traitement de canal. Deux fois je me suis fait tasser, questionner et fouiller (relativement sommairement) sans compter les questions bizarres, les regards intimidateurs et les vérifications visuelles rapides de portefeuille ou du coffre de l’auto. Je suis entré dans un tas de pays et même en Russie avec beaucoup moins de suspicion gratuite.