Les avantages d’un gouvernement à la fine pointe de la technologie

Emplacement des autobus en temps réel à San Francisco

Il est choquant d’apprendre que le Gouvernement du Québec paie pour des logiciels récents mais continue d’utiliser des logiciels qui datent de 16 ans. Et qu’il est donc nécessaire de payer pour des garanties prolongées, parce que les logiciels utilisés ne sont plus supportés par Microsoft…

On peut justifier le temps nécessaire pour faire la mise à jour (trop de gens ne le font pas à la maison, c’est une autre paire de manches de mettre à jour les serveurs d’un ministère!), la formation nécessaire, les problèmes et les bogues éventuels (le principe du « si ça va, pourquoi le remplacer?) »… Mais il reste que ça fait mal au coeur. On ne peut pas gérer le système informatique d’un ministère comme celui d’un ordinateur à la maison!

Pas que pour avoir le dernier gadget

Avoir des ordinateurs avec des logiciels à jour dans les ministères, ce n’est pas seulement une question d’avoir le dernier gadget cool, ni même seulement de cesser de payer pour des garanties prolongées. Le plus grave, c’est la question de  la sécurité: les veilles versions de Windows ne sont plus supportés par Microsoft. Les failles de sécurité sont bien connues des pirates informatiques (le système existe depuis 17 ans!) et ne sont plus corrigées. Imaginons qu’un pirate prenne le contrôle du système et dévoile les données des utilisateurs (combien ton voisin a payé d’impôt, les réclamations d’assurances…) ou demande une rançon pour restaurer les données (un rançongiciel ou un ransomware)… On imagine le fouillis si ça arrive au moment des impôts, par exemple.

Mise à jour: une faille de sécurité au moment des impôts!

L’option des logiciels libres?

Une chose qui revient souvent dans ce genre de débat: plutôt que d’utiliser des logiciels payants Windows, pourquoi ne pas utiliser des logiciels libres? Ce sont des logiciels entièrement gratuits qui peuvent être optimisés et adaptés aux besoins d’un gouvernement. Une chose dont il faut tenir compte: si les logiciels sont gratuits, il faut engager des programmeurs plus spécialisés pour gérer le système. Mais c’est une belle façon de développer et de mettre en valeur l’expertise informatique d’un pays. Ces logiciels sont généralement ouverts – c’est à dire que n’importe qui peut jeter un coup d’oeil au code pour s’assurer qu’il n’ y a pas de problèmes de sécurité.

Et si on cesse d’utiliser des systèmes informatiques désuets, on peut rêver d’aller plus loin. Qu’est-ce qui se passerait si on avait un gouvernement à la fine pointe de la technologie?

Des transports en commun plus efficaces

Quand les autobus seront tous dotés de GPS (comme à San Francisco), il sera facile de savoir en temps réel quand un autobus arrive au coin de sa rue, et s’il est en retard. Au lieu de ça, il faut utiliser l’application québécoise Transit, qui utilise les données des utilisateurs.

(En attendant, on ne peut pas payer son transport avec son téléphone à Montréal…)

Améliorer la circulation

Montréal et plusieurs villes utilisent les données de l’application Waze pour mieux gérer la circulation. L’information pourrait aussi permettre de détecter les nids-de-poule et les obstacles sur la route, et rediriger rapidement la circulation.

Tout payer plus efficacement

Prenons l’exemple de l’Estonie, le pays numérique. Presque n’importe qui peut devenir un citoyen électronique du pays! On nous remet alors une carte qui permet de payer ses taxes, signer des contrats (pas besoin de notaire!), coder des documents, enregistrer une entreprise et même faire des virements bancaires électroniques sécuritaires. On ne devient pas un vrai citoyen du pays, mais on peut démarrer une compagnie en Europe beaucoup plus facilement…

Moins de fraude, une meilleure démocratie?

Si les citoyens pouvaient voir presque en temps réel comment les fonds publics sont gérés, qu’il y a plus de transparence dans l’attribution des contrats, que les paiements électroniques sont simplifiés… Ça pourrait avoir une incidence sur la fraude, la corruption? Les citoyens responsables pourraient garder un oeil sur tout ça… Et redonner envie aux gens de se lancer en politique?

Mon rêve?

Qu’on puisse voir sur une seule carte tout ce qui se passe en ville – activités, construction, détours, nids-de-poule, bris d’eau, pannes d’électricité – et signaler les problèmes: comme un gros Sim City, mais avec les données de la ville en temps réel. Et qu’en cliquant, on puisse savoir quel entreprise est en charge, quels sont les délais, ce qui se passe. Les entreprises fiables seraient valorisées, les dépassements de coûts et les délais inutiles seraient détectés rapidement… Et tout serait plus agréable pour tout le monde!

De l’espoir

Montréal a un portail pour rendre ses données publiques, et le Gouvernement du Québec organise des Hackatons (compétitions de programmation) pour encourager l’utilisation ingénieuse de ces données; et 100 millions sont offerts à des entreprises qui s’intéresse au concept de ville numérique et intelligente.

P.

By Pascal Forget

Formateur. Animateur. Podcasteur, chroniqueur et journaliste en technologie et en science.

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